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Vers une réforme des négociations collectives ? Ce que le secteur public pourrait annoncer pour l’industrie de la construction

  • Photo du rédacteur: Vincent  Bernier
    Vincent Bernier
  • 27 avr.
  • 3 min de lecture
négociations collectives

Un vent de changement dans le secteur public

Depuis quelques jours, le gouvernement du Québec annonce vouloir moderniser le cadre des négociations collectives dans le secteur public et parapublic. Cette volonté de réforme s’est concrétisée avec le dépôt du projet de loi n° 101, intitulé « Loi visant l'amélioration de certaines lois du travail ».


L’idée derrière ce projet est simple : rendre les négociations plus ciblées, plus rapides et mieux adaptées aux enjeux spécifiques de chaque domaine. Moins de longues batailles générales, plus de solutions concrètes, proches des réalités du terrain.


Sur papier, l’initiative semble prometteuse. Mais elle soulève aussi des interrogations majeures — y compris pour l’industrie de la construction, qui, bien qu’encadrée par un modèle différent, pourrait éventuellement voir son propre cadre de négociation remis en question si la tendance à la modernisation s’étendait.


Pourquoi en parler dans notre secteur ?

L’industrie de la construction au Québec est unique. Elle fonctionne selon un modèle de négociation sectorielle rigide, où quatre grandes conventions collectives sont négociées en bloc pour l’ensemble de l’industrie.

  • Génie civil et voirie

  • Institutionnel-commercial-industriel

  • Résidentiel

  • Maintenance


Tout est négocié selon une logique mur-à-mur, même si la réalité d’un chantier de voirie sur la Côte-Nord n’a parfois rien à voir avec un projet de condos au centre-ville de Montréal.


Si le secteur public, longtemps considéré comme aussi lourd à manœuvrer que la construction, modernise ses pratiques… est-ce que notre modèle devra, lui aussi, évoluer ?



Ce que le gouvernement veut faire dans le public

Le plan proposé dans le secteur public vise à :

  • Mieux cibler les enjeux par type de service (ex. : santé, éducation, sécurité).

  • Accélérer les négociations en évitant les grands bras de fer généralisés.

  • Adapter plus rapidement les conventions aux réalités économiques ou sociales locales.

  • Donner plus de pouvoir à la table de négociation de chaque secteur.


En d’autres mots, il s’agit d’abandonner l’approche « un même deal pour tout le monde », et de négocier selon les vrais besoins du terrain.


Ce que ça voudrait dire pour la construction

Aujourd'hui, même si chaque secteur de la construction a sa propre convention collective (résidentiel, génie civil/voirie, institutionnel-commercial-industriel, maintenance), les négociations sont fortement coordonnées pour éviter de créer trop de différences entre eux.


Mais si une approche plus « réformée » était adoptée, plusieurs changements importants pourraient survenir :

  • Des négociations totalement indépendantes par secteur : chaque table pourrait négocier ses hausses salariales, ses clauses sociales, et ses avantages selon la réalité spécifique de son marché.➔ Résultat : les conventions collectives pourraient varier beaucoup plus d'un secteur à l'autre.

  • Moins de blocages collectifs : si un secteur trouve rapidement un terrain d'entente, il pourrait conclure son entente sans être ralenti par des conflits dans les autres secteurs, contrairement à aujourd'hui où tout avance au même rythme.

  • Plus grande flexibilité pour traiter des enjeux spécifiques : pénurie de main-d'œuvre dans le résidentiel, innovation technologique dans l'industriel-commercial, sécurité sur les chantiers de génie civil... Chaque secteur pourrait mieux adapter ses règles selon ses besoins réels sans attendre les autres.

  • Un risque d’inégalités accrues entre secteurs : sans coordination stricte, les salaires, avantages et protections pourraient diverger fortement. Certains secteurs pourraient devenir moins attractifs, entraînant des tensions internes et des mouvements de main-d'œuvre difficiles à contrôler.


négociations collectives

Faut-il tout revoir ?négociations collectives

Moderniser les négociations pourrait permettre d’adapter plus rapidement les conventions collectives à la réalité des chantiers. Mais à quel prix ?


La force historique de la construction, c’est aussi d’avoir su maintenir un certain équilibre entre les secteurs, en évitant les trop grands écarts de conditions de travail.


Plus de flexibilité, oui. Mais est-ce que cela viendrait affaiblir la force collective des travailleurs et des employeurs qui, jusqu’ici, avancent ensemble à travers un modèle négocié global ?


Et est-ce que cela ouvrirait la porte à des négociations à deux vitesses, où certains secteurs deviendraient plus précaires que d’autres ?



Conclusion : un changement à surveiller de près

La modernisation proposée dans le secteur public pourrait bien n’être qu’un premier pas.


Pour l’industrie de la construction, cela pose une vraie question : Sommes-nous prêts à revoir nos modèles de négociation pour mieux refléter les réalités de terrain, ou préfère-t-on conserver une approche unifiée pour préserver la stabilité du secteur ?


Le débat est ouvert. Et ce qui se passe actuellement ailleurs pourrait être un signe annonciateur de changements beaucoup plus proches qu’on le croit.

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