La pénurie de main-d'œuvre dans la construction : où en est-on, et quelles pistes explorer ?
- Vincent Bernier
- 16 mai
- 3 min de lecture
C’est un constat largement reconnu : le secteur de la construction au Québec est sous pression. Sur le terrain, les équipes sont souvent incomplètes, les délais s’accumulent, et plusieurs entrepreneurs doivent refuser des contrats faute de main-d’œuvre disponible.
Ce n’est pas une situation nouvelle, mais les projections montrent qu’elle pourrait s’aggraver dans les prochaines années si rien n’évolue de manière structurée.

Un besoin estimé à plus de 20 000 travailleurs pénurie de main-d'œuvre
Selon les données de la CCQ et d’autres groupes du secteur, le Québec devra accueillir plus de 20 000 nouveaux travailleurs dans la construction au cours des dix prochaines années. Ce besoin s’explique à la fois par les départs à la retraite et par l’augmentation de la demande liée à des projets d’envergure : infrastructures, transition énergétique, rénovation, et relance du résidentiel.
Le défi semble donc double : assurer la relève, tout en répondant à une demande croissante. pénurie de main-d'œuvre
Une pénurie bien installée : quels sont les facteurs ?
Le vieillissement de la main-d’œuvre
De nombreux travailleurs actifs dans le secteur ont plus de 50 ans. D’ici 2030, une large portion quittera le marché du travail. La transmission des compétences et le remplacement de cette main-d’œuvre expérimentée posent un enjeu de taille, notamment dans les métiers spécialisés.
Le faible taux d’inscription en formation professionnelle
Plusieurs programmes de formation professionnelle sont disponibles, mais peu fréquentés. Est-ce que ces formations sont suffisamment valorisées ? Est-ce que le grand public est bien informé des débouchés concrets et des conditions offertes ? Ces questions méritent d’être explorées.
Les réalités du travail sur les chantiers
Le métier est exigeant, tant physiquement que mentalement. Les horaires peuvent être variables, le travail s’effectue souvent à l’extérieur, et les échéanciers serrés ajoutent une pression constante. Dans un contexte où les priorités évoluent (famille, qualité de vie, stabilité), certains pourraient hésiter à s’y engager.
Les conséquences visibles sur les chantiers
La pénurie de main-d’œuvre n’est pas un scénario hypothétique. Sur le terrain, on observe :
Des projets qui prennent du retard, faute d’effectifs suffisants.
Des entreprises qui déclinent des appels d’offres.
Une surcharge sur les équipes en place.
Une forte concurrence entre employeurs pour attirer les mêmes travailleurs.
Des hausses salariales qui influencent les coûts globaux des projets.
Une hausse du recours aux heures supplémentaires, avec les risques que cela peut impliquer.

Quelles sont les solutions possible à mettre en place ?
Revoir l’accès aux formations
Devrait-on faciliter l’accès aux DEP, les rendre plus visibles, ou mieux accompagner les transitions de carrière vers ces métiers ? Les formations accélérées ont été testées dans certains cas — pourraient-elles être élargies ou améliorées ?
Mieux faire connaître les métiers de la construction
Est-ce que les jeunes comprennent bien les opportunités qu’offre ce secteur ? Devrait-on revoir les campagnes d’information sur les réseaux sociaux, dans les écoles, ou créer des liens plus directs entre les centres de formation et les employeurs ? Ce sont des pistes qui pourraient être explorées.
Recruter à l’international : une voie d’avenir ?
L’immigration pourrait-elle répondre à une partie des besoins ? Si oui, quelles conditions seraient nécessaires pour faciliter l’intégration : reconnaissance des compétences, démarches simplifiées, soutien aux entreprises ?
Miser sur la rétention de ceux qui sont déjà en poste
Y aurait-il lieu de réfléchir à de meilleures conditions de travail, à une plus grande flexibilité ou à une valorisation du rôle des travailleurs expérimentés ? Est-ce que les milieux de travail actuels répondent aux attentes des nouvelles générations ?
Une situation complexe, mais pas sans leviers
La pénurie de main-d’œuvre dans la construction est réelle, mesurable, et ses effets sont déjà visibles. Mais il existe des pistes, des idées, des solutions à évaluer.
Devrait-on revoir en profondeur notre approche en matière de formation, de recrutement et de conditions de travail ? Est-ce qu’une coordination plus grande entre les différents acteurs — syndicats, employeurs, centres de formation, gouvernements — permettrait de structurer une réponse durable ?
Ce sont des questions ouvertes. Et si elles ne trouvent pas toutes une réponse immédiate, elles doivent au moins faire partie de la discussion. Car les décisions qu’on prendra maintenant auront un impact direct sur la capacité du Québec à livrer ses projets dans les années à venir.
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