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CCQ ou hors décret ?

  • Photo du rédacteur: Vincent  Bernier
    Vincent Bernier
  • 9 mai
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 mai

C’est un commentaire qui revient de plus en plus souvent sur les réseaux sociaux, dans les fils de discussion et sous les publications qui parlent des conditions de travail dans l’industrie :

« Pourquoi n’aurait-on pas le choix d’adhérer à la CCQ ou non ? »

C’est une question légitime, surtout dans un contexte où de nombreux travailleurs veulent plus de liberté, d’autonomie et de flexibilité. Mais cette simple question en cache une autre, beaucoup plus complexe : Que se passerait-il si ce choix devenait réel ?


Quels seraient les impacts, pour les travailleurs, les employeurs, les conventions collectives, les chantiers, la sécurité, la formation, la retraite, les assurances ? Voici un tour d’horizon approfondi de ce que ce changement pourrait provoquer.


CCQ

Le modèle actuel : un cadre obligatoire pour toute l’industrie

Au Québec, l’industrie de la construction est régie par la Loi R-20. C’est une loi unique au pays, qui rend obligatoire l’adhésion au système de la Commission de la construction du Québec (CCQ) pour toute personne travaillant sur un chantier de construction reconnu.


Voici ce que ça implique concrètement :

  • Tous les travailleurs doivent posséder un certificat de compétence émis par la CCQ.

  • Tous les employeurs doivent appliquer les conventions collectives sectorielles, négociées à l’échelle provinciale.

  • Les cotisations aux régimes de retraite, assurance, vacances, formation continue et santé-sécurité sont obligatoires.

  • L’ensemble du système est financé par des contributions collectives : patronales et salariales.


Ce modèle vise à assurer une uniformité des conditions de travail, une équité entre les travailleurs, et une certaine stabilité dans les relations de travail et dans la qualité des chantiers.



Et si le système devenait volontaire ?

Si l’adhésion à la CCQ devenait optionnelle, le Québec entrerait dans une logique « à deux vitesses », comme dans plusieurs autres provinces où les conventions collectives ne s’appliquent qu’aux syndiqués.


Pour les travailleurs qui resteraient dans la CCQ :

  • Accès garanti à un salaire minimum sectoriel, aux primes, aux horaires encadrés.

  • Participation aux régimes collectifs (retraite, assurance, formation).

  • Accès aux recours juridiques en cas de conflit, via les mécanismes syndicaux.

  • Reconnaissance officielle de la compétence par le biais du certificat CCQ.


Pour les travailleurs qui choisiraient de ne pas y adhérer :

  • Possibilité de négocier directement leurs conditions de travail avec leur employeur.

  • Aucune obligation de cotiser à des régimes collectifs.

  • Perte de protections en cas de blessure, de mise à pied ou de conflit.

  • Moins de reconnaissance formelle des qualifications professionnelles.


Ce type de fonctionnement créerait donc deux réalités très différentes… sur un même chantier.



CCQ

Ce que cela pourrait changer sur le terrain

Un modèle à adhésion libre pourrait avoir des conséquences immédiates et visibles sur les chantiers du Québec :


  1. Écarts de conditions de travail

    Deux travailleurs, sur un même chantier, dans le même métier, pourraient être payés très différemment selon qu’ils sont régis ou non par la CCQ. Cela introduirait une forme de compétition interne, avec une pression à la baisse sur les salaires et avantages sociaux.


  2. Risques pour la sécurité

    La formation obligatoire en santé-sécurité est actuellement une exigence centrale du système CCQ. Si elle devient facultative, les chantiers pourraient accueillir des travailleurs moins bien formés, augmentant les risques d’accidents.


  3. Perte d’uniformité dans les pratiques

    Le modèle actuel permet de garantir un certain standard professionnel. Si les règles deviennent optionnelles, cela pourrait fragmenter les pratiques, nuire à la qualité du travail, et ralentir les projets.


  4. Conflits entre équipes mixtes

    La coexistence de travailleurs sous régimes différents sur un même chantier pourrait entraîner des tensions, des conflits de perception, et compliquer la gestion de projet pour les entrepreneurs.


Et pour les employeurs ?

Certains croiraient que ce modèle leur donnerait plus de liberté. Et c’est vrai… en surface.


Avantages apparents :

  • Possibilité de négocier des conditions au cas par cas.

  • Moins de contraintes légales et syndicales.

  • Flexibilité accrue dans l’embauche et la gestion de personnel.


Mais à quel prix ?

  • Plus de gestion administrative (contrats individuels, conflits non encadrés).

  • Moins de stabilité dans les équipes.

  • Diminution de la qualité du travail si la formation n’est plus uniforme.

  • Hausse des risques légaux et réputationnels si des accidents ou abus surviennent.


En d’autres mots : ce que l’on gagne en souplesse, on peut le perdre en efficacité et en sécurité.



Le fond du débat : protection collective ou liberté individuelle ?

À travers cette discussion se pose une vraie question philosophique sur la direction que l’industrie veut prendre :

  • Veut-on préserver un système basé sur la solidarité, la stabilité, et la protection des droits pour tous ?

  • Ou ouvrir la voie à un modèle plus libre, plus flexible, mais aussi plus risqué, où chacun gère sa propre sécurité, sa retraite, ses recours, ses horaires, ses négos ?


Dans un monde de plus en plus individualiste, la tentation est forte. Mais les conséquences seraient profondes, non seulement pour les travailleurs, mais aussi pour l’ensemble du secteur.


Le vrai coût du « choix »

Donner le choix aux travailleurs de sortir du système CCQ, ce n’est pas juste une réforme administrative. C’est une transformation structurelle de toute l’industrie. Une remise en question de décennies de négociation, de standardisation et d’équilibre.


Est-ce que certains travailleurs y trouveraient leur compte ? Probablement. Mais à quel prix collectif ?


C’est le genre de débat qu’il faut avoir, sans émotion, sans slogan. Juste avec les faits.


Et vous, qu’en pensez-vous ? Si le choix devenait possible… est-ce que ce serait vraiment un gain ?



Si tu as le choix, tu prend CCQ ou sans CCQ ?

  • CCQ

  • Sans CCQ


3 Comments


Jpageman
May 11

Finalement il y a de l’ouverture pour un débat essentiel à l’industrie. Ça ne fait aucun sens d’être obligé de se conformer à un système communism pour une industrie captitaliste.


Arrêtez moi les histoires de compétences dans l’industrie, j’ai travaillé avec des compagnons qui valaient pas plus qu’un manche à balais et des apprentis qui valaient leur pesant d’or mais qui gagnaient des salaires de crève faim.


Les syndicats vont tout de même faire leur travail et protéger leurs membres de tout conflit avec leur employeur, si il y lieu.


Cessons d’engraisser des bureaucrates qui se nourissent du dur labeur des travailleurs!

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Théo
May 10

Pas de bon sens vos débat c’est ccq point bar arrête avec vos débat vous faite que tourner en rond pour ceux qui veule être hors construction y cherche du monde au mcdo un convention collective c’est pour tout le monde.

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Jpageman
May 11
Replying to

L’article parle d’avoir le choix ou non d’être représenté par la ccq, pas ce que toi tu souhaites.


Autrement dit, si nous deux on veut s’acheter le même char, que moi je le prend noir et toi tu le prends blanc. On a quand mêmr le char et on tous les deux content de notre choix 😉


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