Projet de loi 89 : Une menace potentielle pour les travailleurs de la construction ?
- Vincent Bernier

- 25 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 févr.
Le projet de loi 89, déposé à l'Assemblée nationale par le ministre du Travail, Jean Boulet, le 19 février 2025, vise à instaurer un mécanisme permettant au gouvernement de décréter des services essentiels en cas de grève ou de lock-out. Ce projet de loi intervient dans un contexte où la sécurité publique, la santé et le bien-être de la population pourraient être compromis par des interruptions de services.
Ce projet de loi permettrait au gouvernement de désigner, par décret, les secteurs où le maintien de services minimaux serait nécessaire pour assurer le bien-être de la population. Actuellement, ce type de mesure est souvent réservé aux secteurs critiques comme la santé, la sécurité publique ou le transport.

Bien que ce projet de loi cible principalement des secteurs critiques, il soulève des inquiétudes quant à son éventuelle extension à d'autres secteurs, y compris l'industrie de la construction. Si le gouvernement décidait d'inclure cette industrie, cela pourrait avoir des répercussions importantes sur le droit de grève, les négociations syndicales et les conditions de travail sur les chantiers.
Ce projet de loi, en permettant au ministre du Travail de prendre des décisions par décret, donne au gouvernement un pouvoir discrétionnaire sans précédent pour restreindre le droit de grève, traditionnellement considéré comme un levier essentiel pour les travailleurs et leurs syndicats.
Dans ce contexte, il est essentiel de se pencher sur les impacts potentiels de cette législation et de rester attentif aux évolutions politiques qui pourraient toucher directement les travailleurs de la construction au Québec.
"Notre gouvernement veut se doter d'outils supplémentaires pour intervenir de manière ciblée dans certains conflits où le bien-être de la population serait compromis, tout en respectant le droit à la grève et le droit des employeurs de déclencher un lock-out." à mentionné le ministre du Travail, Jean Boulet
Pourquoi la construction pourrait-elle être concernée ?
Récemment, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a exprimé son soutien au projet de loi, en soulignant son importance pour limiter l'impact des conflits de travail sur l'économie. En demandant d'inclure le secteur de la construction, la FCCQ fait valoir que les retards de projets d'infrastructures ou de chantiers résidentiels pourraient avoir des conséquences majeures sur l'économie et la qualité de vie des citoyens.
Les réactions syndicales : inquiétudes et résistance
De leur côté, plusieurs organisations syndicales, ont vivement critiqué le projet de loi, le qualifiant de "déclaration de guerre aux travailleuses et aux travailleurs". Selon eux, restreindre le droit de grève dans le secteur de la construction affaiblirait considérablement le pouvoir de négociation des syndicats.
Les travailleurs de la construction pourraient se retrouver dans une situation où une partie d'entre eux serait obligée de continuer à travailler pour assurer les services minimaux, tandis que les autres participeraient aux actions de grève. Cette division pourrait créer des tensions sur les chantiers et fragiliser la solidarité syndicale.
Des questions qui méritent réflexion Projet de loi 89
Une hypothèse intéressante à considérer : le gouvernement aurait-il volontairement exclu la construction du projet de loi 89 pour éviter une guerre judiciaire ? Après tout, l'Inter a récemment remporté une victoire juridique concernant le droit de grève, ce qui aurait pu compliquer la situation pour le gouvernement.

Est-ce que le ministre Boulet savait déjà que l'inclusion du secteur de la construction pourrait déclencher un mouvement de contestation important ? Ou est-ce simplement une stratégie pour éviter d'envenimer les discussions avant les négociations collectives ?
Cette situation soulève plusieurs questions sur l'avenir du droit de grève dans notre industrie et sur la manière dont les syndicats devront s'adapter si jamais la construction venait à être ajoutée au champ d'application de cette loi.
Quels impacts pour les travailleurs de la construction ?
Affaiblissement du droit de grève : Si le projet de loi inclut la construction, les syndicats pourraient perdre un levier essentiel pour négocier de meilleures conditions de travail.
Pression sur les travailleurs : Ceux désignés pour maintenir les services minimaux pourraient subir des pressions, tant de la part de leurs collègues que de leurs employeurs.
Risque de confusion sur les chantiers : La mise en place de services minimaux pourrait entraîner une désorganisation des équipes et affecter la sécurité sur les chantiers.
Conclusion : vigilance et mobilisation
Pour l'instant, le secteur de la construction n'est pas officiellement visé par le projet de loi 89. Toutefois, les appels à inclure cette industrie montrent qu'une mobilisation des travailleurs et des syndicats est cruciale pour protéger leurs droits.
Rester informé, participer aux discussions et s'assurer que la voix des travailleurs de la construction soit entendue sera essentiel dans les prochains mois. Cap d'acier continuera de suivre ce dossier de près pour vous tenir informés des évolutions et de leurs impacts potentiels sur votre quotidien.




Ça donne l'impression que le syndicat est destiné à disparaitre. Si on se concentre sur les potentiels avantages de ce scénario : meilleur lien social avec son employeur, rémunération basé sur le mérite et la performance (qui veut d'une société qui ne performe pas ? ) et avoir l'impression de faire partie de l'entreprise plutôt que d'être un syndiquer qui travail seulement pour ça paye et son fond de pension. Qu'en pensez-vous ?