Pourquoi ça bloque encore ? Retour sur les ententes proposées
- Vincent Bernier
- 11 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juin
Malgré une journée de négociation marathon qui s’est étirée jusqu’à 3 h 30 du matin, aucune entente n’a encore été conclue pour mettre fin à la grève dans le secteur résidentiel. Pourtant, il y a eu des rapprochements. Des compromis. Même des points sur lesquels les deux parties se sont entendues. Alors… pourquoi ça coince encore ?
Voici ce qu’on sait et qu'on croit comprendre.

Un point de départ commun : 8 % à la signature
C’est le seul véritable consensus : une augmentation salariale immédiate de 8 % pour l’année 2025. Les deux parties l’ont accepté. Ce point ne fait plus débat.
Dans l’offre déposée par la partie syndicale, on propose une hausse de 8 % pour le résidentiel lourd et de 8,35 % pour le résidentiel léger.
L’idée d’un conseil arbitral… mais pas selon les mêmes règles ententes
C’est ici que tout dérape. Pour les années 2026 à 2029, l’idée générale serait de faire appel à un conseil arbitral indépendant, chargé de statuer sur les augmentations salariales futures. Le principe est accepté des deux côtés.
Mais la façon de l’encadrer fait éclater l’entente.
Une des parties propose un arbitrage balisé, avec une hausse totale comprise entre 18 % et 24,35 % sur quatre ans, incluant l’augmentation de 2025. L’objectif : donner un cadre clair à l’arbitre dès le départ.
L’autre refuse toute balise. Selon elle, un arbitrage véritablement neutre doit permettre à chaque partie de présenter ses arguments sans plafond ni plancher, pour que l’arbitre soit totalement libre de sa décision.
En résumé : les deux acceptent l’arbitrage, mais l’un veut lui fixer des limites, l’autre considère que ce n’est plus un arbitrage si le résultat est déjà cadré.
Assouplissements proposés sur les mouvements de main-d’œuvre
Autre élément des discussions : les clauses encadrant la mobilité des travailleurs (durée du droit de rappel, période d’essai, etc.).
Les propositions visent à mieux adapter ces règles aux réalités du secteur résidentiel, sans remettre en cause les droits fondamentaux. Une des mesures proposées concerne l’assouplissement des règles de rappel pour les salarié·e·s ayant moins de 1500 heures.
En résumé : ce serait un peu plus facile d’embaucher ou de rappeler des travailleurs, selon les besoins des chantiers.
Harmonisation des conditions de déplacement et d’hébergement
L’offre comprend aussi l’harmonisation des frais de déplacement, de chambre et de pension avec ceux déjà appliqués dans d’autres secteurs, ainsi qu’une bonification de 5 ¢ de l’indemnité pour les équipements de sécurité dans le résidentiel léger, pour égaler le montant déjà offert dans le résidentiel lourd.
Un comité sur la rétention et l’attractivité
Un comité de travail paritaire a été proposé pour se pencher sur les enjeux de main-d’œuvre dans le résidentiel : attractivité, rétention, échelles salariales.
En résumé : ce comité viserait à mieux comprendre pourquoi les travailleurs quittent le secteur, et comment les garder.

Tensions sur la table
Une offre considérée comme finale a été déposée, avec l’intention de mettre fin au conflit. Elle a été rejetée. L’une des parties affirme que l’autre revient sur des enjeux déjà réglés, étire les négociations et se ferme continuellement lors des échanges.
Une plainte aurait été déposée pour négociation de mauvaise foi et entrave aux activités syndicales, en parallèle d’allégations selon lesquelles des employeurs rémunéreraient actuellement certains travailleurs au taux du secteur commercial, pendant la grève.
En résumé : un seul vrai blocage
Tout le reste aurait pu mener à une entente. Mais l’impasse est nette sur un point : faut-il encadrer l’arbitrage par des balises salariales minimales et maximales ?
Ceux qui veulent les balises disent vouloir protéger les marges de manœuvre économiques.
Ceux qui les refusent estiment que c’est une question de principe : on ne peut pas appeler ça un arbitrage si le résultat est déjà défini.
Et maintenant ?
Les négociations devraient reprendre sous peu. Les deux camps affirment rester disponibles. Mais tant que ce désaccord fondamental ne sera pas tranché, difficile d’imaginer une sortie rapide du conflit.
Pendant ce temps, les chantiers résidentiels restent à l’arrêt. Et les travailleurs, eux, attendent toujours.
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