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Le sommeil des travailleurs : levé aux petites heures du matin

  • Photo du rédacteur: Vincent  Bernier
    Vincent Bernier
  • 11 août
  • 3 min de lecture
Article 2 - Le chantier invisible

Selon Statistique Canada, environ 28 % des travailleurs canadiens commencent leur journée de travail avant 7h. Dans le secteur de la construction, cette proportion est significativement plus élevée. À Montréal, les chantiers débutent souvent entre 6h00 et 7h00, ce qui oblige de nombreux travailleurs à se lever entre 4h30 et 5h30, notamment lorsqu’ils résident à l’extérieur des grands centres.


Ces horaires, imposés par les contraintes logistiques et le rythme du secteur, perturbent le cycle naturel du sommeil. La National Sleep Foundation recommande entre 7 et 9 heures de sommeil par nuit pour un adulte en bonne santé. Pourtant, chez les travailleurs de la construction, les nuits de 5 à 6 heures sont fréquentes, souvent entrecoupées et peu récupératrices.


Le sommeil

Une fatigue normale… mais jamais prise au sérieux

Ce manque chronique de sommeil est rarement abordé comme un problème en soi. Dans la culture de chantier, la fatigue est normalisée, parfois même valorisée. Il est fréquent d’entendre qu’« on dort quand on sera mort » ou que « c’est comme ça dans le métier ».


Mais les effets sont bien réels. Le NIOSH (National Institute for Occupational Safety and Health) rappelle que travailler plus de 12 heures par jour ou plus de 60 heures par semaine augmente significativement le risque d’accident. Le manque de sommeil agit sur les réflexes, la prise de décision, la patience et la capacité de gérer des situations imprévues.


En 2018, l’INSPQ a également souligné que la fatigue était un facteur aggravant dans plusieurs accidents de travail au Québec, bien qu’elle soit difficile à mesurer directement.


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Un impact physique, mental et social

Les conséquences de la privation de sommeil ne se limitent pas à la vigilance. Des études ont démontré un lien direct entre le manque de sommeil et :

  • une augmentation des douleurs musculaires et articulaires ;

  • une accélération de l’usure physique chez les travailleurs manuels ;

  • une hausse des symptômes de dépression et d’anxiété ;

  • une diminution de la libido, de l’énergie, et de la motivation personnelle.


À la maison, plusieurs travailleurs rapportent avoir peu de patience, s’endormir devant la télévision, ou ne pas avoir l’énergie d’interagir pleinement avec leur famille. Certains évoquent aussi une frustration de « perdre » leurs fins de semaine à dormir ou à récupérer.


Un angle mort des politiques de prévention

À l’heure actuelle, très peu de programmes de prévention ou de formation dans le secteur de la construction abordent la question du sommeil de manière structurée. La CNESST inclut la fatigue comme facteur à considérer dans les évaluations de risque, mais aucune norme spécifique n’encadre les heures de sommeil minimales ou les horaires de travail dans l’industrie.


La mutuelle de prévention ASP Construction offre quelques modules sur le stress et le bien-être, mais le sommeil y est rarement traité de manière approfondie. Même les grands entrepreneurs n’incluent pas systématiquement la gestion de la fatigue dans leurs politiques internes, sauf dans les cas particuliers des grands chantiers industriels ou en génie civil.


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Ce qui pourrait être mis en place Le sommeil

Des solutions concrètes existent déjà dans d’autres secteurs et pourraient être adaptées à l’industrie :

  • Évaluer les horaires de travail et de transport pour éviter les charges de travail prolongées sans récupération.

  • Former les gestionnaires et contremaîtres à reconnaître les signes de fatigue cognitive et physique.

  • Distribuer des guides simples sur l’hygiène du sommeil, validés par des spécialistes, lors des embauches ou renouvellements de cartes.

  • Favoriser la rotation des horaires extrêmes, plutôt que de les imposer à long terme à une seule équipe.

  • Mettre en place des sondages anonymes dans les équipes pour mesurer la fatigue réelle, comme certains hôpitaux l’ont fait avec succès.


Le sommeil est l’un des piliers de la santé, tout autant que la nutrition ou l’activité physique. Dans une industrie aussi exigeante que la construction, le sommeil ne devrait pas être une variable négligée, mais un élément central des stratégies de prévention.


Parce que lorsqu’un travailleur manque de sommeil depuis des mois — ou des années — ce n’est pas seulement son propre corps qui est en jeu. C’est la sécurité de toute l’équipe.

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